lundi, juillet 24, 2006
mardi, juillet 18, 2006
Orphelinat..
Juste avant la fin de la première partie de ma mission une dernière intervention hors les murs enrichissante tant sur le plan de la rencontre que de l’apprentissage professionnel.
Sous le nom de Nomade bozi (le jeu nomade), nous intervenons dans les lieux où l’éducation et le jeu ont du mal à percer les murs de la tradition et de la répression… Apres de nombreux détours par le corrompu département des affaires sociales, nous voici avec notre cuisto musicien, notre traducteur et nos quatre childworkers sur la route de l’orphelinat pour un moment de rire et d’activité ludo éducative..Ce concept a fait du chemin depuis l’utilisation du foot comme support d’activité…nous en sommes aujourd’hui aux sciences, histoire géographie ..le tout travaillé à partir de lectures, jeux, constructions, expression… en avant…
Tout d’abord la définition d’un orphelinat afghan mérite le détour…On y retrouve des enfants étant inscrit pour les raisons suivantes :
- Pas de famille connue
- Parents décédés et famille au sens large ne voulant pas de bouches supplémentaires à nourrir
- Parents dépendant de l’opium
- Parents trop pauvres pour subvenir aux besoins vitaux de l’enfant
Il est Intéressant de noter qu’il n’y a pas de fille. Raisons majeures : les familles ne veulent pas les mélanger avec des garçons…mais pourquoi n’y a il pas d’orphelinat pour filles… les filles ont une valeur marchande importante au moment du mariage…des centaines de dollars de dote …
Nous voici à la porte de l’orphelinat accueilli par le garde et une femme des cuisines (baloutche reconnaissable par sa tenue en couleur, brodée et moins voilée que la plus part des femmes en ville…
Apres la traversée du terrain en travaux, (depuis peu une ONG finance la construction de chambres, salle à manger et pour compléter le repas une salle de prière) nous voici dans le couloir séparant les chambres faisant depuis 3 ans office de salles de cours, salle à manger, salle d’activités, autant dire qu’ici l’individualisme on ne connaît pas.
Nous arrivons pour la fin des cours qui continus malgré la période de vacances scolaires tous les matins c’est Dari, mathématique, lecture..le tout dans le couloir par terre avec un cahier pour 10.
Nous découvrons une bande de 43 bambins de 6 à 17 ans tous au même niveau et de cultures et origines différentes:des Pachtous (du sud de l’Afghanistan dont sont issues les talebs (Kandahar, Helmand) qui composent plus de 40% de la population ; sunnite en majorite), des hazâras (ethnies du nord afghan à physionomie ouzbek, mongole ; ethnie souvent opprimée sous les différents régimes guerriers qu’a vécu l’Afghanistan), des tadjiks (deuxième représentation ethnique du pays, celle de Massoud à tendance chiite) des baloutchs (tribue nomade du sud ouest afghan relativement indépendantes qui n’a jamais reconnu la frontière afghano-pakistano -iranniène et continue de les traverser sans se poser de question car ils sont chez eux au Baloutchistan). Tout un monde qui vit en communauté ou les ressentis n’ont pas leur place.. ici c’est la démerde que l’on ait 6 ans ou 17 même galère, même futur difficile dans une société cimentée par la famille et les alliances. Sans dote, pas de mariage, sans mariage pas de famille, sans famille pas de travail, sans travail porte ouverte sur les champs d’opium…un cercle vicieux que l’on pourrait reprendre sur la plus part des secteurs forgeant une société en reconstruction.
Mettons de coté tous ces décroches moral sinon on arrête et on plie les cannes tout de suite ce qui n’est pas non plus une solution..
Nous voici donc parti à la découverte de l’espace avec la fabrication de fusée en bouteille en plastique, à la rencontre de la physique avec la propulsion à eau de ces memes fusées …ca vole a 40m du sol mine de rien..
Dans la salle d’a côté, les cerf volant battent leur plein avec la découverte du vent et de la pression de l’air..
Bref, une intervention composée de jeux d’expression pour briser la glace, d’activités manuelles et scientifiques donnant certaines clefs de compréhension du monde et finis par un moment de musique avec notre cuisto …et son harmonium…
Une équipe de Nomade bozi vraiment motivée pour quelques sourires de gagnés..
Sur ce, je m’échappe pendant un mois et demi, prendre un peu de recul et revenir en septembre avec de nouveaux objectifs de développement du Nomade Bozi et autres marchants de rêves…
Merci pour vos messages qui font du bien quand le moral est sous la dune. A Bientôt…
vendredi, juillet 07, 2006
imaginaire...
Pour se développer, la notion d’imaginaire doit répondre a une fonction de société, un moyen de s’évader mais aussi avoir un lien avec le rêve; désir impossible et la realite.. Dans nos sociétés occidentales, Jules Vernes – parmi tant d’autre- et ses machines volantes a permis au tout un chacun de découvrir un monde inconnu a bord de folles machines. Ces machines volantes ou sous marines impossible à imaginer à l’époque sont aujourd’hui bien réelle. Sans ces idées folles, existeraient t’elles ? L’imaginaire a de tout temps été un pousseur le rêve. Pour ce développer, l’imaginaire a besoin d’une assise culturelle forte et une ouverture –intérieure- sans frein, un vécu commun sur lequel un peuple s’appuie pour avancer et croire, faire et defaire.
En Afghanistan, le rêve et la recherche ont été réduit à l’état de néant par 30 ans de guerres fratricides et notamment dernièrement avec les talibans qui ont, en prime, rongé la culture de l’intérieur remplaçant le miracle de l’accueil afghan par la crise de l’écueil afghan. Les afghans se refondent une identité culturelle depuis la chute de ce terrible régime…mais comment faire avec d’un coté une corruption grandissante et de l’autre un peuple réduit au silence depuis tant d’années. Seul les notions de famille et la religion, dernières ressources improbables quand on a plus rien, ont sauvé l’âme de ce peuple magique
Souvent une unité culturelle apparaît au moment d’une oppression étrangère comme celle des américains en ce moment, mais malheureusement n’ayant pas encore eu le temps de se reconstruire culturellement, on se replie encore une fois vers la religion seul repère des jeunes générations.. jeunes qui retournent depuis peu à l’école, qui vivent le moyen age au quotidien et découvre un monde ultra libéral à la tv.. laissons leur le temps…
Quel imaginaire pour construire l’avenir, quel passé utiliser, …je me souviens d’un reportage ou le journaliste demandait à un jeune combattant de Massoud ce qu’il ferait quand la paix reviendrait…après 20 secondes de blanc le traducteur retournait la question au journaliste et lui demandait de reformuler sa phrase…le jeune n’arrivait pas a mettre de définition sur le mot paix…
Une histoire tronquée par 30 ans de vide, un monde ou la réalité est en contact continu avec la religion et ou celle-ci dicte le bien du mal.. trop de querelles internes qui empêchent l’histoire de faire sa place dans l’enseignement…on retrouve biensur l’histoire ancienne…mais pour le volet contemporain, que l’on soit communiste, démocrate, mollah, tadjik, pashtoun, pauvre ou riche…l’histoire n’est pas la même et pourtant c’est bien sur les traces du passé que l’on construit l’avenir.
Doit on alors bâtir l’imaginaire enfantin sur un tapis volant, ou sur des lettres persanes datant d’un autre age…ou sur le rêve américain qui malgré tout ce qui se passe réapparaît quotidiennement…y aurait t’il une autre voie, une ressource venant du cœur, du cœur afghan, leur Jules Verne ou st Exupéry a eux, loin de la politique et du pouvoir,mais bien proche du savoir et de la sincérité enfantine.