vendredi, septembre 22, 2006

Un regard peut en dire long


Surtout quand la vie se déroule sans l’ouie si précieuse pour communiquer, pour échanger, pour comprendre sa propre culture et la transmettre, pour exprimer ses sentiments, pour exister… des sons sortent de sa bouche d’enfant… des sons… ici pas de docteur pour identifier l’origine de la surdité… et les possibles solutions… appareillage, … personne pour guider la parole, pour guider les gestes…

Jamila est sourde de naissance comme les 4 nouveaux inscrits sur le centre, 2 frères et 2 sœurs qui n’iront jamais à l’école, qui ne savent ni lire, ni écrire, ni compter qui développeront leur propre langage des signes si tenté que quelqu’un essaye de les comprendre…

Surdité développée lors de la grossesse à cause d’une rubéole ou d’une toxoplasmose…
Parents désemparés devant une société qui a bien d’autres préoccupations aujourd’hui que l’handicap … et pourtant l’Afghanistan est sans doute l’un des pays les plus ravagé par les mines …
Pour Jamila c’est là, maintenant qu’est le problème… pas dans 10 ans … quelle vision du temps pour elle qui attend déjà depuis 6 ans qu’on écoute ce qu’elle a sur le cœur…
Un regard peut en dire long ...mais pour combien de temps ?

mardi, septembre 12, 2006

Kaboul


De retour d’un mois de vacances… un mois ou beaucoup de questions se sont succédées dans ma tête, dans la bouche des gens que j’ai croisée … beaucoup de questions qui m’ont permis de faire un bilan de ces 4 mois passés en Afgha…4 mois de rencontre avec la complexité d’une culture, à faire la part des choses entre imaginaire et réalité… difficile de dire si j’ai compris quelques choses , si je suis sur d’être dans la bonne direction… mais je redécolle avec encore plus de questions, mais aussi plus de certitudes… au moins une : « les enfants d’occident pleurent parce qu’ils ont tout, la bas ils rient avec un rien, j’ai choisi le parti du sourire »…

Paris 12H45…je décolle a nouveau direction Vienne, Dubai...changement de terminal… le T2…celui ou même à Dubai, on met à part les destinations qui font mauvaises impressions, celles qui font peur aux boutiques hors taxe du T1 : Bagdad, Kartoum, Kaboul, Djelalabad… mais d’un autre côté le voyage commence pour de vrai…2h du mat, une rangée de toiles de jute, de longues bardes, de Pacolle (chapeau de Massoud) tous en attente d’obtenir un billet pour le pays…atterrissage au milieu des montagnes Kaboulis, welcome to Kaboul, un tapis roulant de 10m de long pour 200 passagers et des centaines de sacs déchargés en camions beines.. le miens bien sur n’y est pas…. Kudja « bag » aste (ou est mon sac)..je ne suis pas le seul.. à attendre durant 4h que le prochain avion arrive de Dubai..ouf il est là… me voila dans un taxi direction Enfants du monde.. pour 4 jours de discussion et comparaison de notre travail…

Kaboul…une sorte d’amas de tout et n’importe quoi.. réfugiés de retour aux pays, 4x4 blindés, américains en armes, polices kalachnikofé à tous les coins de rues, marchant de viande, … et toujours des enfants partout…50% de la population a moins de 18 ans.. Des travailleurs acharnés adultes (2ou 3 jobs en même temps)…comme enfants… des marchant de tout, des bars français avec piscine des ambassades avec des murs de 10m, des camions militaires, …et au milieu de tout ça des afghans qui vivent survivent, qui croisent des expats sans gênes, sans voile…qui subissent des attentats contre les forces occidentales (ONGs pas ou peu touchées pour l’instant) … et boom 8 sept : attentat contre l’ambassade américaine CNN n’annonce dans un premier temps que 2 GI de tués…et oublie les 14 militaires afghans espèce de chair a canon quotidienne…c’est le plus gros attentat depuis 2001 à Kaboul..

Des ONGs, des centaines d’ONGs entreposés a Kaboul, des milliers d’expats se croisant lors de soirées folles, une sorte de vidange de stress, qui devient un quotidien… en rupture avec la vie locale.. pourquoi partir si c’est pour vivre entre français… comment agir…si on ne lit que la culture au lieu de la vivre…quel être humain-nitaire sommes nous ? Critique…mais peut être serais je tombé dans le panneau si je vivais là.. je ne sais pas…

Un autre type de rencontre…clowns sans frontière…3 semaines de sourires dans les guettos kaboulis…sous des bâches pour habitation, sous des bombes pour explications.. une idée a laquelle j’adhère, le sourire pour thérapie…

9 sept Massoud day : le 9 sept disparaissait l’emblématique général de l’Alliance du Nord, le tché afghan, symbole de ce que peut être l’esprit afghan…à l’aéroport la photo de Massoud recouvre la facade …encore plus grande que celle de Karsaï, le président actuel…un signe…

Des cerfs volants dans le ciel, à la recherche de quoi…d’un peu d’air frais du dessus…d’une forme de liberté opprimées pendant des années… d’une forme de souffle qui les pousse vers l’avant…cerf volant interdit sous les talibans car les enfants, sur les toits pour les manipuler, pourraient voir des femmes dévoilées dans leurs maisons… sans commentaire

7h du mat dans un avion 8 places…
Décollage à nouveau pour Zaranj et son desert et sa poussière …décollage aussi pour un Afghanistan qui inquiète mais où je me sens plus chez moi que dans les grandes villes…
Un voyage de 1000 km en survolant les montagnes…


Attérissage dans le Nimroz

Et a mon tour je sorts ma voile pour m’envoler…bon vent